La tête de l’Aphrodite de Cnide au Louvre

Elle est de marbre blanc et mat et le cheveu
au creux des mèches garde une trace de roux
le devant de la face est sali d’une bande
verticale de gris sur le front et le nez
les lèvres le menton mais la joue reste pure
le marbre là très blanc et brillant de paillettes
je m’approche jusqu’à le retour de mon souffle
sur ma bouche sentir le dessin de la joue
pour moi est signe qui ne peut laisser de doute
comme une morte ainsi la déesse se donne
le visiteur impie rompt le trouble en posant
sur la beauté ses doigts et par ce toucher laisse
dans le marbre poreux des fragments de la peau
grise et morte déjà qui entoure son corps
mais la joue est de neige et pure à mon baiser
aussi l’espace opaque entre les lèvres bées
et deux filets aux coins deux traces de salive
le mortel qu’on trouva dans le temple de Cnide
auprès de la statue de son foutre souillée
il était moins troublé peut-être par le corps
que devant le visage à présent je ne suis
mes lèvres ni mes doigts ne toucheront le marbre.

(octobre 1978)

Le Pailler de Lacan (4/4), le pré de Passet

Entre les prés du Pailler et celui de Passet, il y a le Valat, c’est-à-dire le torrent, qui en octobre s’était rempli jusqu’en haut des rochers. Lire la suite

Le Pailler de Lacan (3/4), Lacan

Lacan, sur l’adret de la colline qui domine le Pailler, un morceau de paysage grec, ou provençal, au milieu des premiers reliefs des Cévennes, au milieu d’un paysage qui ne me vient que peu à peu familier. Lire la suite

Le Pailler de Lacan (2/4), au Pailler

Ils sont venus m’attendre au train, à Nîmes, mon frère et sa femme, F. et sa femme. Il est trois heures du matin. La femme de F. est dans la voiture, elle essaie de dormir un peu.

La maison est à trois cent cinquante mètres de hauteur, au-dessus de prés, dans les premiers reliefs. Je suis dans la cuisine, avec mon frère et sa femme. Je sors de ma besace un pain fourré d’olives, de piments et de légumes au sel, baigné d’huile. Ils se le partagent.

Je couche dans la plus belle chambre. Ce sera celle de notre mère. Pour le moment les meubles y sont posés sans ordre, et des caisses de carton empilées. Et il n’y a pas de porte, à peine si c’est une pièce. Au milieu on m’a préparé un lit étroit. Comme il n’y a pas de lampe près du lit, je me déshabille dans le noir et cherche le lit à tâtons. Au moment où je tire sur moi les draps, que je ferme les yeux, j’entends très loin chanter les coqs. Je ne me réveille pas très tard.

Après déjeuner, je suis le premier à monter se coucher. Les autres m’imitent. Je ne trouve pas le sommeil. Je redescends. Je trouve F. sur le palier. Nous entrons dans la grande pièce. Je prends un livre. F. s’est assis au milieu du canapé, il ferme les yeux, la tête en arrière. La grande pièce non plus n’est pas rangée. Elle semble un entrepôt. Certains meubles sont couverts d’un drap. Je sors sur la galerie devant la cuisine, je m’assieds sur une chaise et lis. Le soleil vient jusqu’à mes pieds. Il fait très chaud dehors de la maison. Le livre que je lis, c’est Lo libre dels grands jorns de Joan Bodon, que F. a porté avec lui. En fin d’après-midi je l’ai lu aux deux tiers. Je remonte dans la chambre et je m’endors.

Le Pailler de Lacan (1/4), translation

Un compartiment, avec une porte qui coulisse et qui se verrouille. J’ai assez perdu conscience pour que me soit sorti de l’esprit l’enchaînement des évènements qui ont amené mon corps où il est: allongé presque nu dans une sorte de linceul: un sac de drap pour l’isoler de la banquette dure de moleskine où il repose. Lire la suite

réparties

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Osaka

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Saint-Denis

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nocturne

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chien mort

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