- canards et petits hérons
- blancs
- sur le lit caillouteux des Paillons
- soleil d’avant-printemps
lyrismes
fracas des merles
Au point du jour lorsque le monde est bleu
sous le fracas des merles à gauche à droite ici
au fond de la vallée déjà là-bas
en bas les moteurs grondent et se hâtent
si tôt vers le travail
phares allumés dans le
petit jour comme ruisseaux
vers le fond
de la vallée convergent
dans l’avion, en écoutant Prokofiev
Sous un ciel bas et lourd
Sous un ciel sombre et bas
Promenade sur une pente mouillée
Les gouttes de la dernière averse pendent en-
core aux bords des feuilles
Deux tours de briques
Anciennes et demi effondrées
On parle d’un grand groupe
En bas dans la rivière des iscles
de galets et de sable
Gris et jaune
Iscles et plages
Squares de Paris
Dans les squares de Paris, je détournais les yeux de ma lecture pour observer les manœuvres des pigeons: les dandinements obstinés des mâles, les évitements gracieux et exaspérés des pigeonnes. C’était un petit bonheur et peu importait qu’il fût petit.
mets la quille aux brisants (v. 2)
la mer ainsi d’abord mets la quille aux brisants
de ce bateau noir de cette coque goudronnée
et prends l’âme au corbeau les ailes de son corps
plane sur l’océan divin la mer vineuse la boue de mort
et au loin jusqu’à l’île entre les fleuves de sang
au ciel pur avant que n’y plane la fumée des holocaustes
mets la quille aux brisants
- met la quille aux brisants
- la mer ainsi au commencement
- prends l’âme du corbeau trickster
- l’âme du corbeau id est ses ailes id est
- les ailes de son corps
- et plane forth on the godly sea
- see those mighty walls where ends
- cet océan divin là
- mer vineuse boue pourrissante
- prends l’âme du corbeau les ailes de son corps
- et plane sur l’immense vase où pourrissent les
- corps au loin jusqu’à l’île الجزيرة
- entre les fleuves de sang l’île au ciel pur
- avant qu’y montent les fumées des holocaustes
demeures divines
Nous sortions du café sur la place du village de Berre. Le soleil, qui éclaire encore le village lorsque toute la vallée est recouverte d’ombre, le soleil ce soir était d’hiver et ne chauffait pas.
Le soleil qui à notre arrivée éclairait encore les façades au bord du village, à ce moment avait disparu derrière la chaîne du Férion.
A notre droite, vers le nord, au-dessus du panorama bruni par l’étalement de la nuit, les vallées, les croupes, les crêtes, les baux, noirs les morceaux des forêts, les premières éminences, les cols, tout ce monde des premiers mouvements des Alpes, déjà gagnés par la nuit sous un ciel épuisé à travers quoi poussaient déjà quelques étoiles, nous avons vu, au-dessus de la nuit, dans une lumière rose et mauve qui y semblait chez elle, éternellement, les neiges du Mercantour. Les demeures divines…
Les demeures divines au-dessus des champs de pierre.
A quoi j’ai souvent pensé pendant nos marches en montagne: au-dessus des forêts qui sont, avec leurs mousses, leurs cascades, leurs odeurs et leurs ombres, l’image de la vie mondaine de la chair, des plaisirs et des égarements, les pâturages arides qui représentent le premier temps de l’ascèse, la purification, pénible parce que le corps n’a pas encore trouvé le deuxième souffle, puis les lacs et au-dessus des lacs le paysage minéral, les champs de pierre, les paysages lunaires où la terre a quitté son vêtement de vie pour prendre la semblance de ses consœurs planètes, on est alors au-plus près du ciel, les étoiles brillent comme des diamants et l’espace entre elles est de la plus pure ténèbre, l’image de la connaissance intellectuelle qui retourne son regard vers la création.
cabane (2)
C’est toujours ainsi: un moment du temps, une lumière, une température, une humidité, un moment, quelque chose d’intérieur aussi, une distance du sommeil, un état du ventre, un moment de la digestion, un goût de la bouche. Un arrangement de traces, de restes. Et c’était un commencement. Il était sorti sur le seuil de la cabane et regardait la première lumière matinale emplir la vallée, comme descendue, lentement coulée des montagnes sur les pointes desquelles le soleil avait d’abord cassé la nuit. La lumière était rose et dorée et elle lui semblait refléter la chair de l’endormie, de l’encore endormie derrière lui, dans l’obscurité de la cabane. Lire la suite
Cadmos
Vieux Cadmos pousse un caddie neuf
Et jeune Hélène debout cuisses nues
Partagées comme bitume
Vieux Cadmos pousse un caddie luisant comme une armure,
sur le parking du mall et jeune Hélène,
son sein moulé dans un bonnet de toile bleue, debout cuisses
nues, et un groupe de vieux desperados,
qui passent là lentement,
sous le soleil,
s’arrêtent et disent
« Elle bouge, oui, elle bouge bien. »
Dans un autre monde, vieux Cadmos et jeune Hélène.
« Elle bouge, oui, elle bouge bien. »
Une rangée de vieux indiens,
une brochette de vieux Mic-Macs qui chauffent leurs vieux os
au soleil d’octobre
« Elle bouge, oui, elle bouge bien. »
Et vieux Cadmos se dit : « Le serpent, le rempart partout,
qui fait trembler les vitres, qui fait bouger les briques,
qui grogne et qui gronde, dont le geignement
emplit le paysage. »
Vieux Cadmos, vieux fou!
distances, voie lactée
- Distances … Voie lactée
- Sie gleicht einem ewigen Nebelstreif
- den eine schwache Helle durchschimmert[1]
- Lorsque du haut de ces montagnes
- ou sur l’eau lisse par une nuit sans lune
- Le monde est plein de dieux
- et il n’est de sens que moral