Entre les prés du Pailler et celui de Passet, il y a le Valat, c’est-à-dire le torrent, qui en octobre s’était rempli jusqu’en haut des rochers. Dès que la neige a fondu sur son pré, Passet, qui a sa bergerie un peu plus haut, chez un des frères Donnadieu, ça s’appelle la Combe, y a sorti ses brebis. Moi, je suis dans la grande pièce, près de la cheminée éteinte. Deux contrevents sont fermés, j’entends à travers toute la maison les moutons de Passet, il fait beau et il y a du vent, la neige est toute fondue, je suis assis dans le meilleur fauteuil, près d’une fenêtre, au milieu de l’après-midi, j’ai un peu envie de sortir me promener.
Sur le Valat il y avait un pont de bois, entre les prés du Pailler et celui de Passet. Ce pont est écroulé et on passe à un gué à côté, un peu en aval. « Tant, on a les bottes. » Du pont un chemin monte en oblique le pré de Passet, large et bordé de buissons, on le voit bien de nos fenêtres.
La bibliothèque est vide, les livres sont empilés sur le sol, sur les tapis ou sur les draps. Catherine vient de passer l’aspirateur à l’étage et elle secoue une descente de lit qui fait un bruit de flammes. Une mouche bourdonne.