A 22:30, ma jeune protégée nous laisse pour aller tâcher de prendre le Brahmaputra Mail. Lire la suite
train
Tundla junction (5/6), « Are you chinese ? »
Ce fut à ce moment-là, au moment où je commençais de noter ce qu’avait été la journée qui se finissait, que, pendant que les Japonais continuaient leur conversation, le vieil Indien se pencha vers moi et me demanda: « Are you chinese? ». Je le regardai interloqué puis en riant lui répondit: « No, I am not chinese… et neither are they, they’re japanese! ». Le vieil homme ne répondit pas à mon sourire et considéra avec l’attention indiscrète dont sont habituellement capables les Indiens. Mes éphémères compagnons, qui s’étaient arrêtés de parler et le regardaient à leur tour.
Tundla junction (4/6), salle d’attente
J’ai plusieurs fois jeté un coup d’œil vers l’arrière où était la jeune fille japonaise. Elle était assise toute droite au milieu d’une banquette. Nous sommes nous rapprochés à la descente du bus? Avons-nous pénétré ensemble dans la gare? Les bâtiments principaux étaient de l’autre côté des voies que des passerelles métalliques enjambaient. L’ai-je aidée en portant son sac ou n’était-ce que le mien qui pesait sur mes épaules?
La Pauline
Belle, couvre ses longues jambes sur le banc du quai d’en face, puis se lève, déplie ses longues et belles jambes, fait trois pas, se rassoit et recouvre à demi ses jambes, ses longues et belles… J’ai laissé mon sac dans la gare, j’ai soif, j’ai marché le long de la route, émerveillé d’un coup de mémoire, le long de la route, soleil et vent. Mais en bas, au carrefour, l’ « Auberge Provençale » était fermée, un chien aboyait derrière les carreaux, invisible dans l’obscurité des salles, j’ai marché encore un peu le long de la route, silos rouillés, hangars, panneaux, automobiles mais rien, décidément, pour le piéton. La silhouette du château de la Garde au loin, au bout d’une petite route pas très droite bordée de pavillons. Je suis revenu vers la gare, dont j’ai reconnu la forme blanche, inconnue et familière, juchée sur le long talus de la voie ferrée; les rames oranges d’un TGV venaient de passer. Je suis revenu vers la gare. Les terrasses fraîches d’un petit jardin, des murets blancs. C’est parce que je me suis mal arrangé que je me retrouve ici à pied tout seul et j’aurai à descendre de la gare de la Ciotat et marcher jusqu’au port. Comme j’aime ça pourtant, marcher seul; je me suis dit: « Le monde est plein de dieux », faute de mieux. Et maintenant je suis assis sur le quai de la gare, les pieds sales au soleil, dans le vent. Les trains de voyageurs laissant un sillon de terreur, le cœur battant. Je me dis que nous aurons connu le train. Nous n’aurons pas connu le cheval mais nous aurons connu le train.
Et arrive cette belle, qui baille, se caresse les cuisses à présent découvertes, se regarde les ongles et me regarde de temps à autre, en face, hélas, regarde mes yeux qu’elle ne voit pas, cachés qu’ils sont par mes Ray-Ban, mais qu’elle devine. Me regarde écrire, de plus en plus. Ah! de l’autre côté de la voie ferrée.
la gare dans les vignes
Je les ai ramenés à la gare à travers les vignes. J’aurais voulu partir avec eux mais elle m’en a dissuadé.
Elle m’avait regardé surprise: la petite voiture blanche était garée sur la place devant la gare. Je n’avais rien à leur dire et rien eu à leur dire pendant tous ces jours que nous avions passés ensemble. Je n’avais rien à leur dire, je sentais ce manque en moi physiquement. Nous avions passé plusieurs jours ensemble et maintenant nous n’avions rien à nous dire.
Le Pailler de Lacan (1/4), translation
Un compartiment, avec une porte qui coulisse et qui se verrouille. J’ai assez perdu conscience pour que me soit sorti de l’esprit l’enchaînement des évènements qui ont amené mon corps où il est: allongé presque nu dans une sorte de linceul: un sac de drap pour l’isoler de la banquette dure de moleskine où il repose. Lire la suite