Ils sont venus m’attendre au train, à Nîmes, mon frère et sa femme, F. et sa femme. Il est trois heures du matin. La femme de F. est dans la voiture, elle essaie de dormir un peu.
La maison est à trois cent cinquante mètres de hauteur, au-dessus de prés, dans les premiers reliefs. Je suis dans la cuisine, avec mon frère et sa femme. Je sors de ma besace un pain fourré d’olives, de piments et de légumes au sel, baigné d’huile. Ils se le partagent.
Je couche dans la plus belle chambre. Ce sera celle de notre mère. Pour le moment les meubles y sont posés sans ordre, et des caisses de carton empilées. Et il n’y a pas de porte, à peine si c’est une pièce. Au milieu on m’a préparé un lit étroit. Comme il n’y a pas de lampe près du lit, je me déshabille dans le noir et cherche le lit à tâtons. Au moment où je tire sur moi les draps, que je ferme les yeux, j’entends très loin chanter les coqs. Je ne me réveille pas très tard.
Après déjeuner, je suis le premier à monter se coucher. Les autres m’imitent. Je ne trouve pas le sommeil. Je redescends. Je trouve F. sur le palier. Nous entrons dans la grande pièce. Je prends un livre. F. s’est assis au milieu du canapé, il ferme les yeux, la tête en arrière. La grande pièce non plus n’est pas rangée. Elle semble un entrepôt. Certains meubles sont couverts d’un drap. Je sors sur la galerie devant la cuisine, je m’assieds sur une chaise et lis. Le soleil vient jusqu’à mes pieds. Il fait très chaud dehors de la maison. Le livre que je lis, c’est Lo libre dels grands jorns de Joan Bodon, que F. a porté avec lui. En fin d’après-midi je l’ai lu aux deux tiers. Je remonte dans la chambre et je m’endors.