Le commentaire était un peu irritant par son lyrisme, « Ces vaches-oriflammes, au ventre gonflé vieux bronze, aux doigts mandragores, aux ongles d’or … », mais les images étaient bouleversantes : il se précipitait auprès des monstres atteints (pachydermes ou reptiles géants, triceratops), pour recueillir leur dernier soupir, le gémissement, la dernière larme coulant de l’œil mordoré, pour désigner à la caméra les pattes si étonnamment déliées, les longs doigts. Lire la suite
animal
Céramique
Colonnettes trop minces et deux tons de bleu. Clair. Du sang arabe. Et des carreaux en plinthe sous la fenêtre. Du Delft.
Les hommes déposaient leurs fusils à l’entrée, on amenait les poissons géants du fleuve, roses et bleus, décorés de mayonnaise, l’arête dorsale dressée comme un éventail de céramique.
saumon
Ils ont des noms comme des cris d’oiseaux. Pouvons-nous savoir, nous, à quoi ressemble et quelle est la puissance particulière d’un dieu corbeau, d’un dieu à plumage noir et long bec dur? Ils passent au large dans de longs bateaux peints. L’un devant, debout sur la proue, tendu, attend le saumon. Un corps rose bondit de l’océan, se bande en arc dans le ciel, d’une cambrure il évite le passage de l’acier. « Jamais vu un saumon aussi gros ! Et ce qu’il a fait, tu as vu ce qu’il a fait ? »
Le Pailler de Lacan (1/4), translation
Un compartiment, avec une porte qui coulisse et qui se verrouille. J’ai assez perdu conscience pour que me soit sorti de l’esprit l’enchaînement des évènements qui ont amené mon corps où il est: allongé presque nu dans une sorte de linceul: un sac de drap pour l’isoler de la banquette dure de moleskine où il repose. Lire la suite
notes parisiennes (2/6), chien mort
Vers une heure, sur mon chemin, un chien mort: un petit lévrier beige, presque rose, renversé et non pas couché, tout raide comme un jouet, les pattes de dessus se mouvant encore lentement. Mais il est mort. Lire la suite
Les Îles (7/7), l’île du lion 2
L’ÎLE DU LION. Quand le lendemain matin le capitaine Flush de retour dans l’anse envoya un canot pour me reprendre, j’avais peu dormi et je n’emportai de l’île qu’un livre que je plaçai sur les rayons de la bibliothèque, dans ma maison de bois, et que je n’ai jamais ouvert. ¶
Les Îles (5/7), l’île aux singes
L’ÎLE AUX SINGES. Il nous reçut peu après, vêtu d’une blouse blanche passée sur le gilet de son costume noir. Il était grand, mince, portait une barbe noire et des lunettes. Il nous souhaita le bonjour en s’excusant de ne pas avoir été là, sur le débarcadère, pour nous accueillir. Il avait d’abord fallu finir quelque chose d’urgent dans le laboratoire. Il changea sa blouse contre la veste du costume et nous conduisant au salon me dit qu’il connaissait l’objet de ma visite et qu’il ferait tout pour que mon séjour se passe dans les meilleures conditions possibles.
Les Îles (1/7), l’île du lion
L’ÎLE DU LION. Il devait être près de midi lorsque nous pénétrâmes dans l’anse. Ayant peu d’appétit, je quittai tôt la table et montai sur le pont contempler l’île en fumant une cigarette.