Pourquoi ce ciel d’orage à ton approche

Pourquoi ce ciel d’orage à ton approche et pourquoi ce roulement de tonnerre? Qu’est-ce qui fait pencher la terre devant ton pas? Pourquoi cet assourdissement et pourquoi ton visage ne déchire-t-il que moi? Ceux-là autour, ne viens-je pas tout juste de les voir s’enfuir en levant les bras ? Ne les ai-je pas aperçus comme des animaux timides se cacher vite? Or l’instant d’après tandis que je reprends souffle, éperdu comme le naufragé, je dois les voir vaquant comme ils étaient lorsqu’on ne faisait que t’attendre. Quelle terrible nécessité les force à cette comédie?

Ce ciel noir, pourquoi à ton approche? et ce roulement de tonnerre, pourquoi?

Pâle soleil de printemps

Pâle soleil de printemps et la montagne
s’effondre envoie des pierres en
pluie tout autour de la véranda
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musiciens

Près du torrent, dans l’ombre mixte des arbres, un homme, jeune homme joue de la flûte, grande flûte de bambou au son profond…

Dans la clairière, à trois pas du cours de l’eau, dans la clairière d’herbe tendre inondée de la lumière et de la chaleur d’un soleil vif qui évapore la rosée de l’aurore, une jeune fille, femme ou vieille femme joue d’un instrument à cordes, cithare ou luth, à la sonorité claire.

Enchaînés au temps cyclique.

Le chevalier sur un roncin aux jointures épaisses avance avec peine dans l’enchevêtrement des sous-bois, taches de soleil jouant sur l’acier de son casque, remonte le cours du torrent par le sentier étroit qui le longe. La bergère dans un carré de pré au dessus du sentier, jambes allongées dans l’herbe tendre, qui file.

« J’allais à Jérusalem et me suis égaré. Pastoure, donne-moi de ton lait! »
« Pastoure, je vois tes chevilles. Seule ici avec tes brebis, ne crains- tu pas d’être surprise? »

Lorsqu’il ôte son casque, elle voit que c’est encore un enfant. Elle voit son visage de fille, sa peau blanche comme le lait.

Le jeune homme est accroupi, plantes des pieds à plat sur la surface d’un rocher tout environné de la rapidité de l’eau, cuisses repliées sur les mollets et le cul tendu. Il porte un vêtement de grosse toile sombre, son crâne est rasé, mais montre une repousse noire et drue, sa peau est colorée, presque cuivrée, les mains brunes devant lui jouent sur le tube de bambou et il se balance selon le rythme et selon l’expression.

La femme a posé une large couverture de soie piquée et matelassée vers le haut de la clairière sur l’herbe encore humide, s’est assise non pas en plein soleil mais dans la lumière tamisée par un arbre frêle aux feuilles à peine dépliées.

Ses doigts couleur d’ivoire écarte les cordes devant l’ouverture du luth et sa langue palpite dans sa bouche.

Elle chante.

Ses cheveux sont dénoués et lui font un mantelet jusqu’au tapis de soie, lorsqu’elle baisse la tête deux rideaux de nuits dissimulent son visage.

Mais elle ne baisse pas la tête, elle chante immobile et droite, ce sont à peine parfois d’infimes oscillations obliques ou clôtures de paupières

Elle chante un récit de chevalerie des temps anciens

C’est une vielle femme qui chante et ses cheveux blanchissent à nouveau.

vol

D’un instant seul, un trait de temps, quelques minutes de nuit, ce n’est pas un blason de toi que je veux faire, c’est tracer les limites et le plan et bâtir les structures, les parois d’un séjour éternel auprès de la blondeur de tes cuisses. Encercler, dessiner, délimiter, souligner les linéaments, articuler quelques instants de nuit. Car, comme le vol s’élève, le ciel devient nuit, se purifie de la blancheur qui le faisait jour.

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la maisonnette sur la plage

Plus tard, un jour qu’il y retourne seul, elle est là à nouveau, exactement comme elle était, allongée sur le ventre et le même bas de maillot noir qui se perd entre les fesses. Lire la suite

Tête (pour Denis Castellas)

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le passage des glaces

Il fit de plus en plus froid. J’étais comme malade et ne savais plus pourquoi j’étais sur ce bateau. Le capitaine ne disait rien de la destination, pourquoi nous allions ainsi vers le froid. J’avais comme un capuchon de brume sur la tête. Je lisais un gros livre, long et compliqué. J’avais du mal à en suivre l’intrigue. Le cuisinier me demandait combien de pages j’avais lu dans la journée et où j’en étais et il riait. Je revenais sans cesse en arrière, attention sans cesse distraite par la rêverie mais une rêverie qui ne décollait pas beaucoup du roman. Je partais sur une fausse piste, la suivais sur plusieurs dizaines de pages, jusqu’à ce que je sois tout à fait égaré. Dans une fièvre vague et toujours dans le fracas des machines. Si je montais sur le pont, c’était enveloppé dans deux grosses couvertures et même ainsi je grelottais, claquais des dents, j’étais transi. On vit d’abord quelques petits icebergs puis plus gros, de plus en plus gros et de plus en plus nombreux. Lire la suite