Le commentaire était un peu irritant par son lyrisme, « Ces vaches-oriflammes, au ventre gonflé vieux bronze, aux doigts mandragores, aux ongles d’or … », mais les images étaient bouleversantes : il se précipitait auprès des monstres atteints (pachydermes ou reptiles géants, triceratops), pour recueillir leur dernier soupir, le gémissement, la dernière larme coulant de l’œil mordoré, pour désigner à la caméra les pattes si étonnamment déliées, les longs doigts. Hors champ, les coups de feu sonnaient sec, comme s’ils avaient été tirés de par ici, sur les toits.
Je pleurais.
Je m’étais laissé tomber à terre dans l’antichambre vitrée où était le téléviseur. La pièce voisine était éclairée d’un grand lustre de cristal, une nappe blanche couvrait la table que ma compagne garnissait, des amis viendraient souper. J’étais à terre dans l’ombre du corridor, les cheveux devant les yeux, honteux. Je me disais: tu souffrais de la mort de chaque vivant autrefois…