Charlie

Le matin, derrière la maison
lorsque les autres dorment encore Charlie
remet le monde en place

Lire la suite

Clinique Saint-Antoine

Finalement les choses se sont passées plus vite que je ne le pensais Lire la suite

Gentle Rain

Les chauves-souris tournent autour du vieux mûrier, je ne les vois que lorsque leur vol saccadé se détache sur le ciel jaune-vert-gris de cette jeune nuit d’été pluvieuse. Mais je peux entendre le frottement de leurs ailes velues au milieu du feuillage.

Lire la suite

fracas des merles

Au point du jour lorsque le monde est bleu
sous le fracas des merles à gauche à droite ici
au fond de la vallée déjà là-bas
en bas les moteurs grondent et se hâtent
si tôt vers le travail

phares allumés dans le
petit jour comme ruisseaux
vers le fond
de la vallée convergent

Orages (octobre 2009)

Ce matin le pays était tout couvert de brumes chaudes. Je n’ai pas pris la moto, j’ai mis ma veste neuve en velours noir et je suis descendu en voiture. Lire la suite

dans le train allemand, retour sur Paris

C’est à l’approche de Paris que le paysage fer est devenu paysage bois. L’eau dans les champs, lèche le seuil des petites maisons de jardiniers, recouvre les terrains de football dont n’émergent que les maigres portiques des cages de but. Même au pied des collines les ruisseaux sont des rivières, sont des fleuves.

Lire la suite

demeures divines

Lire la suite

dans une messe…

Dans une messe, en deçà des prédications morales et de l’engagement des stratégies vaticanes, en deçà de la liturgie sacrificielle, il y a quelque chose comme une archéologie active. Par son rite dominical, le christianisme replonge ses fidèles dans le bain de ses origines, dans l’ambiance de sa relation inaugurale et passionnée à l’écriture juive, dépôt de l’histoire d’un peuple et de son rapport au divin. Et en cela, malgré la reconduite d’un rite sacrificiel, la cérémonie de la messe ne peut se confondre avec une cérémonie païenne: le rappel des morceaux de l’écriture juive (les Psaumes essentiellement) mais surtout le rappel obstiné des palabres, des polémiques, des circonstances, des élaborations spéculatives de ce moment de l’histoire juive où est né le christianisme, vient encadrer le sacrifice et le relativiser. Comme si ce moment restait la source vive, la raison d’être jamais dépassée du christianisme.

C’est ce qui me saisissait tandis que j’assistais à la messe, aux Abbesses, avec C.. Il y a là quelque chose d’incongru et de fragile, de baroque. Ce rapport maintenu avec un lieu lointain et un moment éloigné de l’histoire, ce retour obstiné sur ce moment et sur ce lieu[1] ne suffisent pas à justifier ce rite mais suffisent à le rendre précieux.

[1] Ce que je retiens de plus vivant des séances de catéchisme sous l’église Saint-Pierre d’Arène, ce sont des images de désert, de palmiers et de chameaux, des images comme on en trouve sur les paquets de dattes, à l’approche de Noël, et chaque dimanche la messe où je servais comme enfant de chœur ramenait l’odeur de l’encens, les parfums de l’Arabie.

Pluie

J’avais entendu plus tôt dans la nuit cet écho de coups lointains mais je n’y ai d’abord pas fait particulièrement attention, j’ai supposé que c’était E. qui tapait quelque chose en basprès du feu. La pluie s’était mise à tomber vraiment fort. Je me suis réveillé à 3:55 (ou 2:55? je n’avais pas encore mis mon portable à l’heure d’hiver). Envie de pisser. Bandant et avec l’envie de pisser. J’ai pissé et je me suis recouché. À nouveau ces coups, plus forts, ils m’ont empêché de me rendormir. Alors me suis levé, j’ai fait le tour, je suis descendu. J’ai supposé que ce pouvait être la porte de séparation du salon, l’ai ouverte, suis rentré dans la pièce (sombre, où n’était plus E., sombre sauf les reflets de ce qu’il restait de braises vives des deux grosses bûches mises en début de soirée) et j’ai vu l’eau qui avait couvert le sol de l’office et avait débordé jusque dans l’entrée. J’ai pris le balai de pont. J’ai poussé le plus d’eau que j’ai pu par la porte de la cuisine. La pluie s’était calmée mais la queue de la tempête annoncée était arrivée et le vent secouait les arbres. Les chats me regardaient de sous le fauteuil en osier dans la cour. J’ai poussé l’eau dehors comme j’ai pu, pieds nus. Le sol devant la cheminée était chaud et agréable sous les pieds. Pour le reste il ne faisait pas froid. Puis je suis remonté me coucher. La pluie entretemps était revenue, violente et agitée par le vent. J’ai fini par comprendre que les coups que j’entendais sous mon oreiller étaient le bruit fait par un battant de la fenêtre entr’ouverte contre la crémone sous quoi je l’avais coincé. J’ai fermé la fenêtre. La pluie cognait sur les tuiles. J’ai écouté la pluie, dans la diversité du bruit il y avait quelque chose de proche, un impact de goutte proche et j’ai enfin repéré une gouttière, de l’eau que le vent poussait sous les tuiles au-dessus de ma chambre, sous la poutre faîtière, au-dessus du fauteuil. Dans ma hâte à ôter la lampe de sous le goutte-à-goutte, je l’ai faite tomber et son abat-jour en verre a fini de se briser. J’ai arrangé les choses comme j’ai pu, cherché une bassine en bas, etc. et j’ai fumé une cigarette. Le portable a sonné à 7:00, je me suis rendormi (mes morceaux de sommeil de la nuit ont tous été délicieux) et me suis réveillé pour de bon (cela faisait un bon moment que je ne dormais plus profondément) à 9:40. Habillé tout de suite pour prendre la voiture avec l’idée de déjeuner à la Pointe. En bas l’eau était revenue et s’étalait devant la cheminée jusqu’à la salle à manger. E. a pleuré.

Arles, appartement

Lire la suite