mets la quille aux brisants (v. 2)

la mer ainsi d’abord mets la quille aux brisants
de ce bateau noir de cette coque goudronnée
et prends l’âme au corbeau les ailes de son corps
plane sur l’océan divin la mer vineuse la boue de mort
et au loin jusqu’à l’île entre les fleuves de sang
au ciel pur avant que n’y plane la fumée des holocaustes

mets la quille aux brisants

met la quille aux brisants
la mer ainsi au commencement
prends l’âme du corbeau trickster
l’âme du corbeau id est ses ailes id est
les ailes de son corps
et plane forth on the godly sea
see those mighty walls where ends
cet océan divin là
mer vineuse boue pourrissante
prends l’âme du corbeau les ailes de son corps
et plane sur l’immense vase où pourrissent les
corps au loin jusqu’à l’île الجزيرة
entre les fleuves de sang l’île au ciel pur
avant qu’y montent les fumées des holocaustes

Bali à la radio

Radio: à Bali des coqs tout le temps sur la bande son. J’imagine des maisons à grands toits, avec des galeries sur le devant, sur pilotis, perchées au-dessus de rues couvertes de gazon. D’herbe verte où se promènent les crêtes rouges des coqs. Et les hommes en sarongs et chemisettes, un calot sur la tête. Voilà ce que j’imagine. Je m’y verrais bien, presque comme je suis, tapant sur mon clavier, avec les cris des coqs dehors, des chansons de variétés aux inflexions arabes et chinoises, aigres, dans un poste de radio non loin. Mais sur le soir, plus loin, du côté du temple, le son d’un gamelan. Le gamelan, doux et énervant, que je ne peux écouter que mhashish, alors, c’est comme l’eau fraîche d’un torrent qui coule à travers moi.