Rêve

Nous sommes sortis de la voiture. Nous étions à l’Est de la ville, du côté des usines et du cimetière, sur une éminence où la route fait un virage qui surplombe la vallée et de là on voit une église sur la rive du fleuve, une église de briques et de pierre grise. Lire la suite

Aguirre

Aguirre ou la colère de Dieu, deux scènes. Celle dont je me souvenais, la dernière, le radeau qui flotte au milieu du fleuve vers l’embouchure et les saimiris, Aguirre seul qui parle au singe, mais celle qui me revient à revoir le film tout à l’heure, Lire la suite

patience

Bientôt nous n’aurons plus de patience pour ces cris d’enfants, ces clapotis et ces éclaboussements, ces rires de l’autre côté du torrent, au-delà des cascades et du pont encombré, nous n’accueillerons plus bénignement ces échos d’insouciance lorsque brûleront les forêts de Suède sous une lune géante.

Mémoire, Istanbul (sous la Süleymaniye)

Des villes, je les porte en moi comme des dessins, des maquettes, réductions ou algorithmes, prêtes à s’ouvrir sous mon regard aveugle, mon aveugle regard vers le dedans, vers ce grenier de ma mémoire où il avance comme dans le faisceau étroit d’une lampe torche parce qu’il n’y a jamais été installé d’électricité. Villes qui sont là, dans le grenier obscur de ma mémoire, en attente de lumière, lumière du souvenir et de l’effort.

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Iquitos (le docteur Finch)

Le docteur Finch n’était pas quelqu’un de vraiment sympathique, quand on y réfléchissait. Ça n’apparaissait pas tout de suite, sinon par un air un peu de biais. Lire la suite

Phénoménologie du divin (tentative)

L’expérience du divin est celle de la connaissance pure, de la connaissance sans objet. Lire la suite

En arrivant dans cette maison…

En arrivant dans cette maison – je n’y étais encore installé que par un matelas futon posé sur le carrelage de la pièce qui serait ma chambre – je me suis dit que j’emménageais au Paradis sans le mériter, de sorte que je me suis senti l’habiter en étranger, en métèque, autorisé à en jouir des délices que de manière limitée, par tolérance et en fonction du travail que je fournirais à son profit.

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Deux rêves: l’amnésique et le charlatan

L’amnésique

Elles sont plusieurs jeunes filles en fleurs, sur la courbe du pont au-dessus de la gare. Il regarde l’une en s’approchant, qui a la face ronde et parfaitement belle mais comme il s’approche encore, c’est le visage de sa voisine de droite qui attire ses regards, celle-là qui est la dernière du groupe de ce côté et qui s’appuie à la rambarde du pont. Elle qui a habituellement les cheveux frisés les a ici lissés et elle a un peu de rouge aux joues. Lire la suite

Une île

Une île. Il habitait une île, l’intérieur, dans les montagnes. Il venait d’ailleurs comme beaucoup en bas, dans les villes près du rivage, mais peu ici dans les montagnes. Les habitants des montagnes sont pour la plupart nés dans l’île, nés dans les montagnes de l’île.

En bas, près du rivage, lorsque on dit « dans la montagne », c’est pour dire dans les hauteurs de la ville ou au-dessus, les villages auxquels on accède en remontant les vallées qui débouchent près de la ville. Pour les autres villages de montagne, on dit « dans les montagnes », même si, vu de loin, il semble que l’île elle-même soit une grosse montagne posée sur la mer.

Les habitants de la montagne n’aiment pas la mer. Ils descendent rarement jusqu’au rivage. Ils descendent en ville lorsqu’ils en ont besoin, pour faire des achats, du commerce ou des démarches administratives. Et lorsqu’ils descendent en ville, ils évitent le front de mer. La mer leur fait peur ou les rend mélancoliques. Lire la suite

(en remontant)

canards et petits hérons

blancs
sur le lit caillouteux des Paillons
soleil d’avant-printemps