Je ne peux pas dormir, j’entends l’eau de la rivière. Rapide, elle bruisse comme un torrent. J’écoute la rivière, c’est le milieu de la nuit. J’écoute la rivière parce que je ne peux pas dormir. Le milieu de la nuit, il n’y a d’autre bruit que celui de la rivière. Même les chiens dorment. La ville est couleur de boue. Le sommeil me tire mais je ne peux pas dormir. J’écoute la rivière pour trouver le sommeil. Mon attention suit le fil du bruit incessant de cette eau, mes pensées s’effacent mais mon attention demeure, vive et rapide comme cette eau. Oui, j’ai les yeux grands ouverts dans l’obscurité de cette chambre nue, des toiles métalliques ferment les fenêtres et les fenêtres donnent sur une cour. Au-dessus de la cour dépasse le feuillage, fantomatique dans cette nuit, d’un grand arbre. Et au-delà de l’arbre la rivière. Mon attention est vive comme de la glace, mes pensées ne se distinguent à peu près plus de la course de l’eau mais je suis parfaitement éveillé, mon attention est vive et douloureuse. Mon cœur souffre de la fatigue. J’écoute l’eau de la rivière. Lorsque chantera le premier oiseau annonciateur de l’aube, alors je m’endormirai. Le soleil dispersera ces ténèbres.
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Dans la Fabrique Cercamondine, un morceau de 1993
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