Nous avons longtemps cheminé au fond des gorges. Les chariots amenaient l’odeur du bois et l’odeur du lin.
Lorsque le vent nous venait en face, il était chaud et chargé d’odeurs. Il était plein de promesses mais il nous emplissait aussi d’une sorte de lassitude, d’un alanguissement et d’une paresse.
Plus souvent un autre vent soufflait, qui nous poussait, un vent amer et obstiné qui couvrait de nuages le ciel au-dessus de nous. Il mugissait parfois, ce pouvait être des jours durant, dans l’étroitesse de la gorge. Les tentes alors claquaient comme les voiles que j’avais laissées. Nous avancions muets dans ce vacarme.