La Magnificence

Pour nous c’était cela, la magnificence: les carrosses ornés de volutes dorées, d’angelots et de dauphins, les plumes aux chapeaux des seigneurs et des cavaliers, les lourds chevaux couleur de feu, les carrosses ornés qui descendaient de la cathédrale jusqu’à la marine, les marbres aussi, rouges, jaunes et bleus, qui s’enroulaient autour des colonnes, qui blasonnaient les autels, c’était cela la magnificence, les louanges à Dieu et aux saints, les pompes musicales, pour nous c’était cela et la beauté des dames, la chair offerte et la chair interdite des femmes, l’honneur des hommes et l’honneur des femmes, le sang, la pompe.

Puis les hommes du nord sont arrivés. Nous les avons acclamés parce qu’ils nous ramenaient un roi mais ils ont regardé nos processions, ce qui nous coûtait tant de sueur et tant de sang, ils les ont regardé avec mépris comme un attirail de saltimbanques, fer blanc et carton pâte, les accessoires de notre misère.

Eux dans leurs costumes sombres, avec leurs mines de comptables.

Il me restait à moi l’idée d’une palme, d’une feuille vernie contre la pierre jaune,  l’humidité d’un jardin et le bruit d’une fontaine.

Vers Palerme (4/4), approche de Palerme

17:00.- Avons attendu plus d’une heure à Messine, et le wagon s’est à nouveau rempli. Les deux nigauds blonds qui étaient assis de l’autre côté se sont assis en face de moi et puis une bande de jeunes italo-espagnols est venue occuper les places libres. A ma gauche un garçon à bouc, catalan, vient d’offrir un origami mignon à l’une de deux charmantes qui se sont assises de l’autre côté de l’allée, l’une en face de l’autre. Très mignonnes (italiennes, je pense), surtout celle que j’ai en face, en diagonale, blonde, bronzée, yeux noisettes, nez un peu busqué, dents pointues, l’autre: rousse bordeaux, peau très blanche, évidemment.

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