De Fucecchio il m’est difficile de donner une idée d’ensemble. Je n’avais et je n’ai pas de carte où situer nos parcours, je sais seulement que nous en avons fait plusieurs fois le tour. L’image la plus caractéristique que je garde est celle de deux tours de briques rouges à demi ruinées issant d’un massif de végétation. Tiziano nous a expliqué que ces tours sont sur le terrain d’une ancienne ferme, propriété privée, et que pour cette raison il est impossible d’y accéder.
Fucecchio est sur une colline au milieu d’une petite plaine très peuplée, où sont implantées un grand nombre de petites fabriques qui la plupart s’occupent de la préparation et de la transformation des peaux et du cuir. Nous n’avons pas senti la puanteur des tanneries qui, paraît-il, peut être très incommodante.
Je suppose ceci : à l’une des extrémités de cette colline sont les deux tours qui donnent son aspect caractéristique à la ville, à l’autre extrémité, en fait pas très éloignée, sont la collégiale et un couvent.
Sur la façade de l’église conventuelle il y a une galerie de quatre ou cinq arches qui donne sur une esplanade plantée de marronniers et limité du côté de la pente par un muret. Au delà du muret la pente de la colline est assez rapide et de l’esplanade on jouit d’une belle vue sur la plaine. Nous avons suivi un chemin sous les murs.
Comme la pente est trop raide ici pour être construite, elle reste couverte de petits jardins en parcelles très étroites et de buissons alors tous mouillés. Tiziano nous a expliqué qu’enfant il venait jouer ici. Nous nous sommes arrêtés à mi-pente et nous avons regardé le plat en bas, tout bâti de maisons, le stade entouré d’arbres. Tiziano nous a expliqué qu’il se souvient que sur toute cette étendue il n’y avait pas de maisons, que c’était la campagne, et Tiziano n’a que 17 ans. La ville conserve son enceinte de murs de briques de la même couleur que les deux tours.
La façade de la collégiale donne sur une place en pente qui touche à l’esplanade par un coin. Tiziano est né dans une maison sur cette place. J’ai pensé qu’en déménageant sa famille avait perdu en beauté ce qu’elle a gagné en confort. La ville est construite sur la pente. Les rues principales montent ou descendent assez brutalement. Elles ne sont pas larges mais non plus aussi étroites que les rues de beaucoup de villes médiévales. Les maisons semblent construites en briques mais la plupart sont couvertes d’un enduit peint comme à Florence.
Fucecchio ne possède pas de monument remarquable susceptible d’attirer les touristes, c’est néanmoins une petite ville d’allure noble et ancienne.
On refaisait un palais sur une très petite place carrée agrémentée d’une fontaine et de bancs, pour servir de maison communale (la khasa khommunale, prononçait Tiziano qui à la différence du reste de la famille avait pris l’accent de ce coin de Toscane).
Au pied de la colline sont plusieurs grandes places, ainsi celle où l’on débouche lorsqu’on descend de la vieille ville par la rue principale, elle est rectangulaire et il y a au fond un grand cinéma cubique, le seul de Fucecchio, mais Tiziano, lorsqu’E. lui demande s’il va au cinéma à Florence, dit qu’il s’en contente, le siège de la D.C. est sur cette place dans une maison aussi belle que celle de la Commune, la maison du Peuple et les sièges du P.C. et du P.S. qui lui sont adjacents sont non loin de là dans des constructions récentes; ainsi une place circulaire avec un large terre-plein rond où sont l’école communale et le lycée construits vraisemblablement à la fin du siècle dernier – l’école communale est une grande bâtisse qui occupe le fond de la place, entourée d’un parc dont l’aspect énonce clairement la destination publique; ainsi une place plus petite au milieu de laquelle il y a sur une aire de terre battue quelques arbres et des bancs et où donne le porche-galerie d’une église, semblable à celui de l’esplanade sur la colline.
Les constructions autour de la colline ne sont pas très resserrées, ce sont pour la plupart des maisons individuelles mais où éventuellement peuvent habiter plusieurs familles, et l’on sort insensiblement de la ville dans la campagne où entre les champs sont les garages et les fabriques de chaussures.